On pourrait croire que le travail d’écriture s’arrête à la punchline mais le plus important est ce qui vient après cette punchline…
Capitaliser sur une prémisse
Une blague classique est constituée d’une prémisse, d’un angle et d’une punchline. La prémisse expose le sujet, l’angle la direction que vous voulez lui donner et la punchline crée la surprise et le rire.
Vous ne pouvez pas vous passer de ces 3 éléments, toutefois la blague suivante n’a pas forcément besoin de tout ça.
En effet vous avez consacré la première vanne à expliquer la situation, vous pouvez maintenant capitaliser et ajouter des punchlines, ce que nous appelons sur Standupfrance des “survannes”. C’est sûrement le travail d’écriture le plus complexe car il vous pousse à optimiser vos vannes au point de ne plus rien pouvoir obtenir en rires. C’est comme si votre vanne était l’eau contenue dans une serviette mouillée, vous la tordez pour faire sortir l’eau et pour vraiment l’essorer vous devez la torde au maximum. Sans ça vous avez juste essorer superficiellement…
Le non verbal est essentiel
On considère souvent à tort qu’une blague n’est qu’un assemblage de mots. En fait l’humour non verbal est très important : intonation, grimace, gestuelle…Le non verbal est sûrement la façon la plus efficace et intéressante d’obtenir des rires supplémentaires par dessus une vanne. Vous capitalisez encore sur la prémisse mais vous ajoutez des éléments visuels.
En général l’aspect non-verbal a l’air relativement simple quand on le voit mais c’est la partie la plus dure à trouver dans un sketch. Vous ne le trouverez pas de suite, il faudra faire des essais, improviser des choses pour voir ce qui marche et un jour vous trouverez ces petites “survannes” qui font d’une bonne blague une excellente blague.
Exemple
Prémisse (elle est longue et débute le sketch)
A côté de chez moi ils viennent d’ouvrir un Temple Shaolin. On vous apprend à vous défendre en imitant les animaux traditionnels : l’ours, le tigre, la panthère. Alors moi j’aimerais bien apprendre à me défendre, parce que j’habite Marseille…
Angle ( c’est cher mais vous pouvez y aller gratuitement)
Le seule problème c’est que ça coute 200 euros par mois. Mais si vous y allez avec le prospectus vous avez droit à un cours d’essais gratuit.
Punchline
J’y suis allé, j’ai fait le cours d’essais gratuit, ils m’ont appris à faire la mouette. 1
C’est à dire qu’aujourd’hui, en cas d’agression, la seule chose que je peux faire c’est : (IMITER BRUIT DE LA MOUETTE) 2
Prendre de l’altitude et déféquer sur le visage de mon agresseur 3
Dans cet exemple la prémisse est longue et on capitalise un maximum dessus en enchainant 3 blagues directement + du non-verbal qui ne ressort pas à l’écrit (des grimaces, des positions etc). Le but étant de vraiment aller au bout du sujet, de l’exploiter au maximum.
Accepter qu’une blague mérite toujours mieux
Pour reprendre l’exemple précédant, la base de la blague était qu’il existait une position de la mouette un kungfu. En appliquant la méthode des 6 questions, cela a établie une trame possible. Puis c’est en jouant, testant, modifiant les approches que l’on arrive après plusieurs scènes à aller au bout de l’idée, aussi bête soit-elle.
En tant qu’humoriste on a tous tendance à ne pas aller au bout d’une vanne, à ne pas exploiter son plein potentiel. C’est contre ça qu’il faut lutter en s’obligeant à chercher le maximum de survannes possible.