L’optimisation de sketch est une étape délicate dans le standup, des fois il est bon de faire appel à un regard extérieur pour y parvenir.
Choisir son camarade
Le mieux pour faire relire ses sketchs c’est d’avoir un camarade qui est dans la même démarche que vous en comédie. Vous allez établir une relation de réciprocité : “Ton regard sur mon travail et mon regard sur ton travail.”
Pour ça votre “travail” doit être mis à l’écrit, imprimé et prêt à être lu et manipuler par une tierce personne. Il est important de commencer par l’analyse de l’écrit avant de penser à influer sur le sketch en live.
Lecture active
Quand vous lisez le sketch d’une autre personne et que vous êtes dans cette démarche d’optimisation, il faut procéder par étape et se concentrer sur un aspect à chaque lecture. La lecture est active, n’hésitez pas à prendre des notes dès la première lecture et à écrire sur le texte. Pendant que vous travaillerez sur son texte, votre camarade comédien travaillera sur le votre.
Ca peut aussi être unilatéral, un seul qui travaille sur l’autre, ça arrive assez souvent, surtout quand votre force est la réécriture ou le script doctoring (l’art de corriger et améliorer les récits)
Première Lecture
La première lecture sert à déterminer si tout est clair et écrit de façon intelligible. Le manque de clarté est un ennemi de l’humoriste, il faut que tout soit compréhensible.
Exemple : est-ce que l’on comprend bien les situations, qui parle etc. Arrive-t-on à suivre?
Ce qui est explicite pour certains ne l’est pas pour d’autres et souvent quand on écrit on présume des connaissances d’autrui sans savoir si cela colle à la réalité.
Exemple : un avocat pourrait employer des termes juridiques qui lui sont familiers dans des phrases simples et rendre sa façon de parler trop compliqué pour le public non initié.
Exemple 2 : si l’on fait référence à une notion ou une information qui n’est pas indiquée dans le sketch. Par exemple faire référence à un ancien métier que l’on n’a pas énoncé ou une histoire que le public ne connait pas ou une maladie qui n’est pas visible…
A ce stade, vous ne vous êtes concentré que sur le fait que n’importe qui comprenne le texte et les situations.
Seconde lecture
La seconde est plus basée sur l’aspect technique du standup. On doit vérifier si structurellement tout est en place :
- La punchline au bon endroit
- Les rythmes ternaires respectés
- Les dialogues en direct et non pas rapportés
- Les idées regroupées logiquement
- Le volume de blagues est-il respecté?
Ce sont des vérifications très basiques mais qui permettent souvent de corriger facilement des sketchs. C’est en s’efforçant d’appliquer ces bases techniques que l’on tend vers l’optimisation.
Troisième lecture
Enfin la dernière passe consiste à voir avec l’autre s’il dit bien ce qu’il veut dire. Vous êtes là pour dialoguer et comprendre si l’idée première qu’il a eu, si ce qui l’a poussé à écrire a été conservé dans le sketch. Ce travail est primordial, on peut se perdre en cours d’écriture, il est bon d’avoir quelqu’un qui est là pour vous pousser à être en accord avec ce que vous vouliez faire.
Exemple : dans un sketch je voulais parler du fait que je trouvais les conditions d’accès à l’école catholique étrangement simple. Il suffisait de payer, ce qui n’a du coup pas de rapport avec la religion. En développant je suis parti sur un très (trop) long délire complotiste impliquant illuminatis et extraterrestres. Au final j’y ai un peu perdu le propos de base car je suis focalisé sur mes délires de complot. Depuis j’essaye de trouver un moyen de revenir à l’intention première qui m’intéressait plus.
Si dans le sketch il y a une prise de position, un point de vue assumé, voyez ensemble si le message qui passe est le bon et s’il est identique à l’intention.
Exemple : un camarade comédien jouait un personnage de raciste dans un sketch. Il pensait dénoncer le racisme en jouant des clichés frontalement. Au final son sketch était perçu et apprécié au 1er degrés par les gens qui partageaient les idées de son personnage.
Il faut aussi vérifier pendant cette troisième lecture si le sketch va assez loin dans ses blagues. Des fois en lisant on peut avoir une impression de :” Ah c’est pas mal mais on pourrait pousser plus…” Comme si la blague n’était qu’une prémisse et qu’il y avait la place pour développer et plonger plus profondément. Autant c’est dur de s’en apercevoir sur son propre texte, autant c’est relativement frappant quand on lit celui d’un autre.
Un travail que l’on peut faire soi-même
Toutes les façons de relire un sketch peuvent être appliquées à ses propres écrits, en solitaire. Vous pourriez bien résoudre certains problèmes, en particulier ceux qui appartiennent au domaine technique (seconde lecture). Vous pouvez aussi repérer les faiblesses que l’on essaye de débusquer en troisième lecture, à savoir si vous allez assez loin et si vous êtes encore dans l’intention première.
Même si ce travail d’auto-analyse est possible et nécessaire, je vous recommande quand même de faire appel de temps en temps à une tierce personne.
En standup savoir lire et optimiser un sketch que ce soit le votre ou celui d’un autre est aussi nécessaire que source d’amélioration. Le standup est un dialogue, trouvez avec qui l’établir et comment vous pouvez vous entraider par l’écriture.