Il arrive que la scène fatigue, que l’on sature du standup et des galères, que faut-il faire à ce moment là?
Comprendre ce qui nous dérange
Le standup est un exercice d’auto-analyse, on passe notre temps à essayer de comprendre le monde qui nous entoure et comprendre pourquoi on le perçoit comme ça. Si à un moment vous êtes découragé, fatigué, lassé, alors vous devez prendre le temps de comprendre pourquoi. Les raisons peuvent être multiples et aucune n’est “mauvaise” :
- Une date s’est mal passée, c’est décourageant.
- Votre vie personnelle n’est pas au top, du coup vous avez moins la pêche pour le standup, ça a aussi son importance
- Vous ne voyez pas votre carrière avancer, ça joue.
- Vous êtes fatigué physiquement, épuisé, ça impacte aussi.
- Vous sortez d’une dispute avec quelqu’un…
- Vous avez l’impression de voir toujours les mêmes choses et de ne pas progresser, ça peut arriver
Des raisons il y en a encore des tas et en général c’est la combinaison de plusieurs facteurs qui aboutissent au sentiment de saturation et de découragement. Il faut prendre le temps de comprendre pourquoi on en est là, ça permet de trouver quoi faire pour surmonter ça.
Tout le monde passe par ces états
Le métier de monter sur scène et de s’exposer face à des inconnus n’est pas de tout repos. Même si l’on préfère retenir l’aspect grisant et valorisant de la performance standup, il y a aussi une exposition, une fragilité qui est inhérente à l’exercice. On peut avoir l’impression d’être jugé en permanence, et de décevoir si on sous-performe etc. Je ne crois pas avoir rencontré un comédien qui n’ait pas été traversé par des périodes de doute et de remise en question. J’en ai vu arrêter définitivement, d’autres faire des pauses et revenir, et certains ne pas se laisser influencer par ces mauvaises passes.
A titre personnel, j’ai eu plus d’une fois envie de dire “Ok j’arrête, j’en peux plus“.
Prendre le recul nécessaire
C’est en analysant le “J’en peux plus” qu’en général je me rassure. J’essaye de comprendre ce qui me dérange actuellement : la qualité des plateaux que l’on me propose, l’absence de ressources liées au standup, le manque d’opportunité en festival etc.
A chaque point soulevé, je peux répondre objectivement : les plateaux auxquels je participe ne sont pas bien? J’ai qu’à les refuser et en trouver/créer d’autres qui me conviennent mieux.
Je ne gagne pas assez d’argent en faisant des blagues? Le problème c’est donc l’argent? Comment je fais pour en gagner autrement et ne pas dépendre de mes sketchs pour en gagner?
Je ne suis pas sélectionné en festival? Est-ce que je les ai tous démarchés? Si oui avec une belle vidéo et un beau dossier? Si ce n’est pas le cas alors je dois repenser ma vidéo, adapter ma présentation et multiplier les démarches pour participer.
Souvent tout est question de perception, les données ne changent pas mais la façon dont on les appréhende change. Il faut donc travailler sur ce que vous pouvez modifier : votre perception.
Les pauses sont bénéfiques
Quand on fait du standup tout passe un peu par ce prisme. C’est bien car ça permet d’affiner son art en restant à l’affut des blagues et de la comédie. Par contre ça épuise un peu car on peut avoir la sensation de tout donné à cette passion et de ne pas obtenir le retour mérité. Il est important d’avoir une vie de standup et une vie à côté épanouissante et de ne pas laisser le standup écraser le reste.
Quand je pars en vacances, j’essaye de ne pas penser à ma situation en standup, à ma carrière ou quoi que ce soit. Par contre je m’autorise à prendre des notes sur ce que je vois de marrant…Je prends le meilleur côté du standup : la création. C’est paradoxal : en ne pensant plus au standup, je produis un bon matériel.
Si vous saturez vous pouvez très bien vous dire : pendant 4 mois je ne fais plus de scène. Marina Rollman a confié avoir arrêté plusieurs années après sa première scène et maintenant elle est une valeur montante de la scène francophone.
Il y a des moments où la contrainte devient plus forte que le plaisir et il n’est pas déshonorant de dire : ok je fais un bon break et je reviens quand ça me fera à nouveau plaisir et que j’aurai des choses à dire.
En parler
Si vous traversez une période de doute, n’hésitez pas à en parler : à d’autres comédiens, à des amis, à votre famille, à votre psy, à votre coach sportif…En oralisant vos doutes et votre saturation, c’est un premier pas important qui est franchi. N’hésitez pas non plus à m’envoyer un petit mail, je prends le temps de répondre à tous les messages et si vous pensez que vous avez vécu une expérience terrible en standup, j’ai quelques dossiers dans les cartons pour vous faire relativiser.
Tout le monde traverse des périodes de doute en comédie, l’important est de les comprendre et de faire en sorte que le plaisir reste au centre de votre démarche.