On dit souvent que paradoxalement c’est dans la contrainte que l’on est le plus libre. Fixez vous des règles d’écriture et apprenez à vous y épanouir à l’intérieur.
La liste des mots interdits
La première contrainte que je fixe aux étudiants en stand-up est de ne pas utiliser certains mots ou travailler certains sujets. La liste est disponible ici.
Ces mots et sujets ont été sur-employés et leur utilisation n’aurait plus rien de pertinent. C’est une contrainte forte de se fixer à l’écriture l’impossibilité de les utiliser ! Au lieu d’aller à l’évidence cela oblige à trouver de nouvelles références et de nouvelles approches.
Les idées reçues et les clichés
Une autre contrainte forte que j’aime appliquer à mon écriture et à celles des élèves est de ne pas se baser sur des clichés. Il faut balayer ce qui est évident et connu de tous pour chercher plus profondément.
Exemple : Un de mes élèves Quentin Friburger voulait parler des Roms qui font la manche. C’est un sujet qui a été maintes fois abordé et souvent de façon assez problématique (imitation des roms, stigmatisation etc). Toutefois son angle est très différent, il voit chez eux une formidable capacité à s’adapter et compare leur marketing à celui d’Apple. Il a étudié le sujet et il a fait le tour de la question : d’où ils viennent, pourquoi ils font la manche, comment ils s’organisent et dans quel but, comment nous pourrions les aider etc…
Avouez que ça change de : “Ils parlent mal, ils sont sales et ils supplient pour qu’on leurs donne une pièce“
En amont il s’est interdit de tomber dans la facilité d’à nouveau véhiculer des clichés sur cette population.
S’interdire un genre d’humour
Avec le temps j’ai appris à travailler “Clean”. C’est à dire à ne pas utiliser d’expressions grossières ou choquantes. Ce n’est pas évident quand on manie un humour un peu trash mais avec le recul je réalise que c’est une excellente décision. Cela m’oblige à chaque fois à exprimer ma pensée d’une façon inattendue. Cela n’a pas rendu certains de mes sketchs moins choquant mais la façon de les vendre est beaucoup plus efficace et universelle.
Vous pouvez très bien vous dire : “ok j’arrête de faire des blagues sur la pédophilie ou sur les nains...”
Libre à vous de vous fixer les contraintes qui font que vous devrez chercher en vous des ressources différentes.
S’obliger à faire ce que l’on n’a jamais fait
Au lieu de s’interdire des choses on peut aussi s’obliger à faire :
- Danser, Chanter, Jouer de la musique
- Raconter une histoire – croiser plusieurs histoires
- Ne pas raconter d’histoire, ne faire que des blagues
- Parler un minimum, parler très vite / parler très lentement
- Avoir des éléments visuels
- Faire rimer vos phrases
- Epouser un point de vue qui n’est absolument pas le votre
- Jouer sans bouger
- Parler de sexe sans être explicite
- etc
Ce sont des contraintes ajoutées qui vont rendre votre sketch spécial et vous empêcher de tomber dans la routine.
Ma contrainte personnelle : j’ai toujours eu envie de faire une blague de type Inception. A savoir une blague, dans une blague, dans une blague…Il m’a fallu 5 ans pour l’écrire mais j’y suis parvenu car c’était une contrainte depuis le début de faire ça.
Une autre contrainte forte que j’applique depuis quelques années est de toujours faire un matériel universel et intemporel. Donc pas de trucs régionalistes ou d’actualités.
Se fixer des contraintes n’est pas une limitation mais une invitation à faire mieux et différent. Trouvez quel cadre vous convient le mieux et optimiser votre matériel à l’intérieur de cet environnement.