Le running gag ou comique de répétition est une technique éprouvée que l’on retrouve au cinéma, à la télévision et en stand-up.
Comique de répétition
D’après Wikipedia : “Le comique de répétition peut débuter avec un exemple d’humour involontaire, qui se répète avec des variations alors que la plaisanterie devient de plus en plus familière et que le public anticipe la réapparition du gag. L’humour dans un running gag peut provenir entièrement de la façon dont combien de fois le gag est répété, de la (non)pertinence de la situation dans laquelle le gag se produit, ou bien dans le fait de préparer le public à attendre une nouvelle occurrence de la plaisanterie, avec son remplacement par autre chose (le fait d’appâter et de changer).”
En stand-up la notion d’humour est plus volontaire que dans la description générale donnée précédemment. Une punchline, c’est à dire la résolution d’un gag bien construit peut tout à fait devenir un running gag. Elle peut être servie littéralement à l’identique ou avec des variations.
Exemple personnel : A la fin d’une longue blague sur les hippodromes je fais intervenir un vaisseau spatial qui arrive voit la situation et fait un jeu de mot débile avant de repartir dans l’espace. Ce vaisseau spatial revient quelque fois dans le spectacle avec la même fonction : faire un jeu de mots et repartir.
Running gag n’est pas forcément un gag à la base…
Dans la série animée South Park, le personnage de Kenny meurt régulièrement et ses camarades disent “oh mon Dieu ils ont tué Kenny !“. Dans Friends personne ne sait quel est le métier exercé par Chandler. Ces deux exemples qui ne sont pas des gags à la base vont le devenir à force de se répéter et d’intervenir à des moments inattendus. On sait que Kenny est candidat à la mort mais on ne sait jamais comment ça va intervenir dans l’histoire. De la même façon personne ne sait vraiment ce que fait Chandler mais ce qui est drôle c’est de voir à quel point cela impacte les autres personnages (Rachel et Monica perdent leur appartement à cause de ça)
En stand-up c’est souvent la façon de réagir d’une personne, pas drôle à la base qui va le devenir en se répétant dans d’autres situations.
Exemple personnel : J’explique dans un sketch que ma mère, qui a eu de nombreuses opérations, qui vit grâce à de la chirurgie de pointe, a déclaré en s’abonnant au télépéage “Depuis qu’on a ça, on revit”. Cette information n’est pas drôle et je dois développer mes idées par la suite pour prouver à quel point c’est stupide de penser ça du télépéage avec tout ce que la médecine a fait pour qu’elle “revive” vraiment.
Plus tard dans le sketch quand quelqu’un achète quelque chose de très futile je dis : “Et là tu as ma mère qui arrive et qui dit : Depuis qu’on a ce porte-gobelet on revit“
Ma mère va donc intervenir régulièrement pour souligner le fait que ces choses n’ont d’importance qu’aux yeux des personnes qui les achètent.
Exemple 2 : Le comédien Bedou explique en début de sketch qu’il adopte la démarche du flamand rose quand il se sent gêné sur scène ou dans la vie. De temps en temps, quand une blague ne marche pas ou qu’une situation est gênante sur scène il fait le flamand rose et les spectateurs comprennent sa gêne et en rient.
Créer une tension
Dans How I Met Your Mother le personnage de Marshall remporte le droit de mettre 5 claques à Barney, quand il veut et où il veut. Ces 5 claques vont être un fil rouge de la série et à chaque fois qu’une claque a lieu, le public a les codes, connait le contexte etc. Il a donc tous les éléments pour apprécier les variations apportées à la situation. La résolution de cette histoire ne se fait pas sur un seul épisode mais s’étale tout au long de HIMYM, créant une tension, un enjeu spécial entre deux protagonistes.
Exemple : Dans un spectacle, Dave Chapelle explique qu’il est devenu tellement fort qu’il peut faire rire avec n’importe qu’elle phrase. Il déclame une phrase débile et on se doute qu’il va essayer de nous faire rire avec…Toutefois il va le faire à des moments totalement inattendus ainsi qu’en conclusion du show alors que l’on pense que cette idée de faire rire avec cette phrase est résolue.
Enfoncer le clou
Dans The Office, Michael, le manager joué par Steve Carrell case un nombre incalculable de fois l’expression “C’est ce qu’elle a dit” à la fin des phrases des autres protagonistes en général pour faire des blagues assez lourdes…La blague n’est généralement pas drôle mais le fait qu’il la tente encore crée la comédie, c’est ça la force du running gag : continuer à taper sur le même clou !
Exemple : Rayane Zehrouni a un sketch où il parle à son oncle. Son oncle lui explique “Je veux réunir les animaux dans la jungle au milieu du quartier..” Rayane lui dit “Tu veux dire le jardin d’enfants?”
“Non la jungle là où il y les toboggans ” Rayane lui répond “Le jardin d’enfants?“
“Nooooonn là où il y a le tourniquet…” “Le jardin d’enfant…“
Très pertinent dans la longueur
Si le running gag est possible mais pas évident à établir sur un sketch de dix minutes, il est beaucoup plus simple à mettre en place sur un spectacle d’une heure. En 60 minutes vous avez le temps de construire une narration pertinente avec des personnages et des lieux qui reviennent, des situations qui évoluent etc. Si vous saupoudrez le tout de running gags alors cela apporte du liant à l’ensemble et vous continuez à faire rire avec des éléments que vous n’avez plus besoin d’expliquer, vous avez le rire et pas la préparation pour l’avoir !
Pour comprendre comment distiller des running gags dans un show, n’hésitez pas à regarder Pulsions de Kyan Khojandi, disponible gratuitement sur Youtube ou à voir en live son spectacle Une Bonne Soirée.
Le running gag a beau être une technique connue et déjà bien employée, cela n’en diminue ni sa force ni son utilité ! L’important ce n’est pas la technique mais ce que vous en faites.