A partir du moment où l’on monte sur scène, forcément on s’exposer à la critique, positive ou négative, il faut s’en servir.
La critique après le show
Si quand je suis sur scène je ne me galvanise pas des rires obtenus, une fois en dehors, à la fin du show, je prends plus le temps de profiter des retours. Je reste à disposition des spectateurs et je prends le temps d’échanger quelques mots avec ceux qui le souhaitent. J’ai à coeur qu’ils aient passé une bonne soirée alors je n’hésite pas à leur demander :”Ca vous a plu?“
Quand on demande son avis à quelqu’un, c’est rare qu’il se prive de le donner et tant mieux ! La plupart du temps ils débriefent la soirée en général, leurs coups de coeur etc. C’est un retour que j’apprécie, en particulier sur les plateaux d’humour, ça confirme qu’un humoriste était particulièrement en forme ou qu’un sketch s’est démarqué. Il y a quelque fois un décalage entre comment vous avez perçu la soirée et le retour qu’on va vous en faire. Vous pouvez avoir trouvé la soirée moyenne à votre niveau de comédien alors que les spectateurs ont passé une très bonne heure ! On est tellement concentré sur sa performance qu’on peut oublier que le public assiste à une expérience globale.
Dans cette démarche de parler à la sortie de la salle, les critiques sont majoritairement positives. Ce que j’essaye de comprendre c’est ce qui a le plus marqué les gens. Pas besoin de leur demander, s’il y a un élément de votre sketch qu’ils ont aimé ils vont vous le ressortir à coup sûr ! C’est comme ça que l’on identifie des éléments clés.
Exemple personnel : Dans un sketch je parle du fait que mon petit garçon me voit faire pipi et s’écrie : “Papa tu as un gros kiki !”. J’ai joué le sketch quelque fois comme ça et on me demandait après en plaisantant à la fin du spectacle : “Alors c’est vrai?”. En réalisant que cet élément marquait les gens j’ai carrément inclus ces réactions dans le sketch. J’explique maintenant qu’à la fin du spectacle les gens viennent souvent me demander si c’est vrai…Et je joue de ça à fond ! Du coup forcément il ne se passe plus une soirée sans qu’on me fasse la blague.
Dans les rares cas où la critique est négative, surtout n’argumentez pas ! La personne veut vous faire passer un message, pas débattre. Elle n’a pas aimé telle ou telle chose : “D’accord on le note !”. Si quelqu’un prend le temps de vous faire un retour négatif, il veut être entendu, donnez lui de l’écoute puis à tête reposée, réfléchissez à ce qu’on vous a dit. Des fois ce sont des retours sur les comédiens et d’autres fois sur des éléments techniques : niveau sonore, éclairage, accueil. Notez et voyez si c’est avéré et améliorable.
La critique sur les réseaux sociaux
En faisant le choix de participer aux réseaux sociaux (en postant des vidéos par exemple ou en ayant une page “artiste), il faut se soumettre aux bons et mauvais côtés de ces sites. Si on prend le cas d’un sketch que vous postez sur Facebook, votre cercle d’ami va être assez gentil pour être positif quoi qu’il arrive par contre sorti de ce cadre, le monde va être sans pitié ! Et c’est tant mieux…Ceux qui vont apprécier vont peu à peu intégrer votre communauté et s’intéresser à vos futures publications. Ceux qui n’apprécient pas peuvent vous critiquer mais ne devraient plus interagir avec vous par la suite.
Inutile de vous lancer dans des batailles d’égo même quand on vous insulte. Vous proposez quelque chose, ce n’est pas au goût de certains, ça ne salit qu’eux de ne pas être poli ou respectueux.
Exemple personnel : J’ai présenté de nombreux émissions sur une chaîne de télévision consacrée à l’humour. J’en ai produit une où la présentatrice était une magnifique jeune femme…Je recevais sur Facebook des messages qui disait “Toi dégage, on veut qu’elle !” (version volontairement édulcorée). Je répondais toujours : “Vous avez raison ! C’est elle qui devrait tout présenter, je suis d’accord ! Plus talentueuse que moi, écrivez à la chaine, ensemble on va changer ça!”. Cette petite pirouette avait tendance à totalement désamorcer la situation.
La critique sur les sites de réservations
Aujourd’hui les spectateurs ont la possibilité en rentrant chez eux d’aller sur leur site de réservation de billets de laisser une critique sur le spectacle qu’ils viennent de voir. Ce sont ces avis qui vont inciter les autres spectateurs à venir ou à éviter un spectacle. Je connais beaucoup d’humoristes qui sont obsédés par ces critiques au point d’en devenir malheureux (quand il y n’y en a pas, quand tout n’est pas parfait etc). Je faisais partie de ces obsessionnels des retours, avec le temps je m’en suis détaché pour rester concentré sur ce que je dois faire : de bonnes blagues.
Ce qui est intéressant dans la critique à l’écrit, c’est que contrairement au retour à la sortie de la salle, la personne a le temps de se poser, de réfléchir, et d’écrire anonymement. Elle n’a pas à argumenter, elle peut juste dire ce qu’elle a envie et le partager. C’est une démarche particulière, ça demande un effort !
Certains spectateurs le font car ils savent que ça aide les artistes, ils disent ce qu’ils ont aimé. D’autres s’en servent pour expliciter ce qu’ils n’ont pas apprécié dans la soirée. Souvent les critiques ne sont pas liées directement à l’artiste mais à l’accueil de la salle (manque de climatisation, boissons trop chères etc) ou à des détails qui nous échappent sur scène.
Que ce soit des retours sur votre performance ou sur la salle il faut lire et comprendre !
Exemple personnel : Sur mes premiers shows d’une heure, j’avais eu des retours du type : décousu/ sans queue ni tête. Le show s’appelait What The Fuck?! et c’était exactement le concept, pourquoi se plaindre de ça?
J’ai fini par réaliser que je n’explicitais jamais le principe de mon spectacle, que je ne partageais pas la recette avec le public. Par la suite j’ai toujours pris le temps d’annoncer comment ça allait se passer : “Je vais passer d’un sujet à l’autre, vous ne verrez pas le rapport sur le moment mais promis il y a un sens si vous me laissez aller au bout”. Quand les gens ont capté le truc alors les critiques sont allées plutot dans ce sens : “Au début on ne comprenait pas, on croit que tout est déconnecté mais à un moment on pige le truc !”. La transition ne s’est pas opérée en un jour…
Exemple personnel 2 : J’animais un comedy club populaire à Marseille et on avait tendance à jouer un peu la surenchère trash sur scène. Qu’un artiste soit un peu limite ça passe mais quand c’est la moitié du plateau ça a des conséquences. Nous avons eu des retours négatifs de gens qui venaient en famille, avec les enfants ! Effectivement les sketchs étaient plus destinés à un public adulte et nous n’avions pas su nous adapter à notre public. Pourtant on se voulait populaire mais on s’était laissé glisser sur cette pente. Par la suite nous parlions avant le show entre comédiens pour savoir qui avait du matériel un peu “limite” et on changeait de sketch si il y en avait trop…S’il y avait des enfants alors on annonçait clairement qu’à un moment dans le spectacle ça serait un peu “dur pour les oreilles” mais que ça serait très court. Autant un parent peu comprendre qu’à un moment il y ait du contenu explicite autant il ne peut pas accepter que la totalité du spectacle soit inaudible aux oreilles de ses enfants, surtout quand on se veut “populaire”.
La critique est aussi galvanisante quand elle est positive que cruelle quand elle est négative. Nous avons tendance à ne retenir que les mauvaises critiques alors qu’elles sont minoritaires et qu’elles contiennent des fois des éléments de progression.