L’improvisation avec le public – Niveau débutant

Puisqu’en standup il n’y a pas de 4ème mur entre le comédien et le public, il est tout à fait possible de s’adresser directement aux spectateurs, faut-il y mettre les formes !

Les bases

L’improvisation théâtrale est un art particulièrement codifié et bien documenté. Si vous avez fait de l’improvisation ou que vous envisagez d’en faire pour améliorer votre stand-up c’est une excellente idée ! Par contre quand vous faites un sketch l’improvisation n’est qu’une des composantes de votre comédie, vous ne pouvez pas tout miser dessus.
Elle doit vous servir à personnaliser votre performance, à vous mettre le public dans la poche et à capitaliser sur certaines situations.

Il y a une règle d’improvisation que je trouve particulièrement vraie en standup : “Une bonne improvisation ça se prépare“

Laisser de la place à l’impro

Si vous avez envie d’ajouter des interactions avec le public dans votre sketch alors aménagez les. Trouvez quand et pourquoi vous allez vous adresser aux spectateurs. C’est souvent sous forme de question qu’on amorce la conversation.

Exemple : Qui dans la salle possède un Thermomix?

Le principe n’est pas de faire un sondage mais de créer un pont avec le public, d’entamer le dialogue avec quelque chose de simple, une question qui ne nécessite que deux types de réponse : j’ai/je n’ai pas, oui/non, je suis/je ne suis pas, je connais/ je ne connais pas…

Quand le pont est créé et que quelqu’un répond alors l’improvisation commence mais encore une fois on lui donne un cadre. C’est à ce moment là qu’on demande à la personne comment elle s’appelle, ce qu’elle fait dans la vie, ou encore de justifier sa réponse. C’est à partir de ces éléments qu’on entre vraiment dans un processus où il faut improviser, faire avec ce qu’on nous donne, composer. Même des informations très factuelles comme le nom et le métier de la personne peuvent déjà être sources de gags.

Par la suite il ne faut pas hésiter à orienter la conversation

Exemple : Tu l’as acheté quand? Tu l’as payé combien ? Qui te l’a vendu?

Encore une fois, ce n’est pas un travail pour un institut de sondage mais bien une façon d’obtenir du matériel et de rebondir sur les réponses. En posant ces questions on obtient toujours des réponses différentes mais qui ont quand même tendance à se ressembler, les cas de figure se répètent scène après scène. Il est donc plus facile d’apporter une réponse drôle si la situation a déjà été évoquée ou qu’on y a répondu en amont.

Exemple du Thermomix : – Qui te l’a vendu?
– C’était lors d’une réunion organisée par ma soeur…
– Ah oui, c’est vrai que le Thermomix c’est comme les sectes, c’est toujours quelqu’un de ta famille qui te fait entrer dedans…

Ca reste de l’improvisation car vous ne pouvez pas présumer totalement des réponses mais on lui offre un cadre précis dans le sketch. Le but est de servir le sketch pas de le soutenir.

Oui et?

Dans l’improvisation théâtrale classique il y a une règle fondamentale : accepter. Si quand on vous parle vous refusez la discussion ou rejetez les arguments, l’improvisation ne va pas prendre. Le public n’est pas là pour vous servir les blagues toutes cuites ! Vous devez composer avec les éléments que l’on vous donne.
Il existe un moyen technique pour faire avancer une improvisation : oui et….

Exemple du Thermomix: – Qui te l’a vendu?
– Je ne me souviens plus, ça fait longtemps que je l’ai…
– Comment tu peux oublier quelqu’un qui te vend un objet qui coute 1500€? Tu as tellement de pognon que ça? (imiter la personne) :”Alors oui j’ai un Thermomix dans chaque pièce, chaque fois que je sors j’en achète un…”

Tant pis si la réponse qu’on vous donne n’est pas celle dont vous rêviez, toute la magie de l’improvisation et de tirer le meilleur de ce qui se passe en direct. Tant que vous gardez la mécanique : Oui et? vous ferez avancer la situation, c’est aussi simple (mais pas facile) que ça.

L’improvisation a tout à fait sa place en standup, reste-t-il à lui laisser une juste place et à la manier de façon positive !