Il y a des blagues qui reposent plus sur la façon de dire que sur ce qui est dit, c’est le cas des blagues en “accélération”
L’accélération
La blague par accélération consiste à rompre le rythme de sa diction en se lançant dans une tirade au rythme rapide, à la construction complexe d’une longueur inhabituelle par rapport à vos autres phrases.
L’humoriste Paul Taylor utilise cette technique pour expliquer à quel point les Suédois parlent bien anglais. Il pose une question à un Suédois qui lui donne une réponse construire, complexe, dans un anglais impeccable avec une diction particulièrement véloce (à 0,55s dans la vidéo)
Victoire technique
Dans ce sketch de Paul Taylor cette technique est utilisée à la 58ème seconde. Il n’y a pas de punchline à proprement parlé mais il obtient des applaudissements. La blague par accélération fait quasiment toujours mouche, non pas qu’elle soit supérieure comiquement mais techniquement elle obtient un résultat quasi inévitable.
Ce n’est pas tant la qualité de la surprise de la punchline qui est récompensée mais la structure et la mise en scène de la blague. De la même façon que l’on peut applaudir quelqu’un qui fait un salto, le public a tendance à récompenser ce type de performance.
Cette blague est assez intéressante car vous pouvez amener beaucoup d’éléments en peu de temps ! Vous parlez tellement vite qu’il est possible de délivrer un maximum d’informations au public en un minimum de secondes. C’est cette énergie qui va un peu faire “bugger” l’esprit des spectateurs et provoquer le rire.
Une technique à justifier
Pour que cette technique marche il faut justifier cette accélération de rythme. Dans le cas du sketch de Paul Taylor, ce n’est plus lui qui parle au moment de la blague mais un autre “personnage”. C’est donc ce personnage qui a cette diction frénétique car il maitrise la langue anglaise mieux que les Anglais.
Il existe d’autres façons de justifier ce type d’énergie : vous avez bu trop de café, pris de la drogue, vous êtes énervés, vous êtes aliénés par un travail répétitif, vous imaginez une vie idéale etc
Quelques limites
Attention à ne pas abuser de cette technique car elle a plusieurs défauts. Le premier est que vous ne pouvez pas l’utiliser plusieurs fois dans un même sketch. La mécanique devient trop prévisible, vous perdez l’effet de surprise.
Le second défaut est que si quelqu’un avant vous, sur un plateau d’humour, a utilisé la même technique, votre performance risque de paraitre plus fade. Le sujet aura beau être différent et la blague n’avoir aucun rapport, la mémoire ne s’attachera qu’à la mécanique.
L’accélération est une technique particulièrement efficace à utilise avec parcimonie. Bien maitrisée elle obtient des résultats quasi-systématiques.