On parle souvent de rythme en stand-up et une notion qui ne trompe pas c’est le volume de dire que l’on nomme Laughs Per Minute (LPM) ou Rires Par Minute.
Comment on compte ça?
Pour savoir combien un sketch obtient de rire par minute, il suffit d’écouter le sketch et de voir à chaque fois que ça réagit avec un rire du public. Certains mettent des barres sur une feuilles pour compter et un rond pour chaque applaudissement, d’autres une croix à chaque rire…Peu importe, tant que l’on arrive à identifier trois données : combien de rires il y a eu pendant le sketchs, et combien de rire en moyenne par minute et combien de rire précisément pour chaque minutes.
En recoupant plusieurs sources on arrive aussi à ce chiffre intéressant : sur chaque minute de sketch il faut 15 secondes de rire. Cette donnée n’est pas étayée par de longues études scientifiques mais par un constat moyen sur divers spectacles.
Ca sert à quoi?
Quantifier le LPM permet de savoir si on est dans les standards du stand-up. On attend d’un sketch qu’il fasse rire entre 4 à 6+ fois par minutes. Donc si sur 5 minutes vous avez 12 rires, vous êtes en dehors de ce que l’on peut attendre en efficacité comique. De la même façon si sur 5 minutes vous avez 25 rires mais que lors des deux premières vous n’en avez que 4, on peut considérer qu’il y a un problème. Non pas que vos rires doivent être uniformément répartis mais on essaye de garder une exigence par minutes individuelles.
Si vous débutez fixez vous un objectif de 4 rires par minute, c’est déjà un sacré volume. Pour quelqu’un de plus confirmé on attend du 6 et plus…
Comment l’interpréter?
Dès l’écriture cette notion de LPM doit vous influencer. Si vous voulez des rires, il faut des blagues ! Donc pour un sketch de 5 minutes, si je veux être dans une moyenne de 5 rires par minutes je dois livrer 25 blagues au public, lui tendre la perche 25 fois pour produire un effet comique ! C’est quelque chose que l’on doit prévoir dès l’écriture du sketch et surtout pendant la réécriture. La réécriture permet justement de porter un regard plus analytique sur nos écrits et de répondre aux problématiques de rythme.
Pas vraiment d’exceptions
On peut penser que raconter une histoire provoque moins de rires que faire des blagues courtes et efficaces. C’est possible lors de la première version de votre sketch…mais par la suite tout le monde doit tendre vers le nombre optimal de rires par minutes ! Et raconter une histoire, faire du storytelling n’est pas une excuse pour s’y soustraire. D’excellents storytellers comme Tom Segura, Louis C.K ou Nate Bargatze maintiennent un LPM très élevé même quand ils se lancent dans de longs récits. C’est une exigence à avoir pas une coquetterie ! Inutile de dire “Oui mais c’est intéressant alors…” Ok, ça doit être intéressant et drôle, c’est ça le bon stand-up.
La notion de Laugh Per Minute est particulièrement importante comme vecteur de progression. Des fois on ne sait pas trop comment améliorer un sketch et en analysant le LPM on peut vite arriver à des conclusions sur le rythme. C’est un travail d’analyse nécessaire, pas évident à réaliser mais qui va vous pousser dans les standards hauts de la discipline.
Bonjour, merci beaucoup pour cet article très intéressant. Par contre, je pense qu’il faut nuancer le chiffre de 400 mots / 5 minute, qui est peut-être valable en anglais mais pas transposable en français. D’après le podcast “servi sur un plateau”, le sketch de Paul Mirabel à Montreux était à 145 mots / minute. J’ai essayé de mesurer 30 secondes de Fary (l’ananas) et de Elena Nagapetyan (la diversité) et j’ai trouvé 135 et presque 200 mots/minute. Ils sont donc tous les trois plus proches de 800 mots/5 minutes que de 400. C’est sûrement lié à la grammaire, une phrase comme “what happens” en anglais c’est 2 mots, en français “qu’est-ce qui se passe” 6 mots.