On est tous plus à l’aise avec certains types de blagues et on a tendance à les surexploiter…Comment offrir plus de variations dans ses sketchs?
Une question d’affinités
Il existe de nombreuses formes de blagues : l’accélération, le gag visuel, la comparaison, le détournement d’expression, le running gag, le rythme ternaire ou la règle de 3, la rupture cyclothymique, La prosopopée etc
Chacun a ses affinités avec les différentes techniques et certains comprennent plus vite comment faire une blague en 3 temps alors que d’autres assimilent rapidement les comparaisons. Du coup ce sont ces blagues qui viennent agrémenter leurs premiers sketchs.
Ex : J’ai eu un élève qui lors de sa première année en stand-up suivait les cours d’un professeur qui faisait souvent faire l’exercice “c’est comme”. Forcément ses sketchs étaient remplis à outrance de cette blague de comparaison.
La limite
Le soucis quand on utilise trop souvent la même forme de blague, c’est que la surprise est de moins en moins forte. Le public s’habitue à la mécanique et on a plus de mal à étonner l’audience quand ça fait 5 fois que l’on compare quelque chose à autre chose…
En imaginant les techniques du stand-up comme une boite à outil, n’utiliser qu’un type de blague reviendrait à n’employer qu’un tournevis, là où le marteau serait utile, la pince etc.
Sur scène avoir une variété de formes de blague à disposition ce sont autant d’outils pour varier ses approches et offrir du changement au spectateur. Le but est de ne pas laisser le public s’installer dans une routine et dans une mécanique qu’il peut anticiper.
Comment se corriger
Pour comprendre si on offre assez de nuances de blagues dans ses sketchs, il faut faire preuve d’un peu de recul et d’esprit d’analyse. Il faut identifier ses blagues et clairement référencer les mécaniques.
Ex : Ma première blague est une comparaison, la 2nde une rupture cyclothymique, la 3 ème une comparaison, la 4 ème une prosopopée, la 5ème une insulte etc…
Quand ce référencement est effectué, alors les formes récurrentes vont ressortir et c’est sur ça qu’il va falloir se faire violence. Il faut réfléchir à : je conserve, j’enlève, je remplace par une autre blague d’un autre type au même endroit etc…
Ce choix n’est jamais facile à faire car c’est toujours délicat d’enlever une blague bien écrite. Toutefois l’ensemble du sketch va bénéficier de cette démarche car elle injecte de la variété et de la surprise. Il est nécessaire d’en passer par là pour avoir un set abouti !
Savoir manier plusieurs types de blagues c’est l’assurance d’avoir des sketchs plus élégants et surprenants. C’est un vrai travail de patience, d’analyse et de réécriture à côté duquel on ne doit pas passer.