A force de faire des scènes ouvertes, des plateaux des open mic on peut avoir tendance à légèrement tout mélanger et à ne plus savoir quelle énergie dépenser dans chaque lieu…
Une perception à travailler
« Là je dois faire mon meilleur sketch » – « Il faut que je ne joue que ça pour participer à x ou y sélection »
Dans mon parcours de professeur de stand-up, je suis confronté à différents profils qui en sont à différents stades dans le standup ou qui ont des visions diamétralement opposées de ce qu’ils veulent/doivent faire pour progresser.
Une grande partie de mon travail consiste à poser la question : « pourquoi? ».
Si je la pose facilement aux autres c’est que moi-même en tant que comédien je suis amené à me la poser souvent. Je me la pose à chaque fois que j’accepte d’aller jouer quelque part : « Pourquoi? »
J’aimerais vous dire que les réponses sont infinies mais dans mon cas elles se limitent à 3 :
- Pour tester des blagues et préparer mes prochains sketchs
- Pour montrer ce que je fais
- Pour gagner de l’argent
1 – J’y vais pour tester
Dans ce cas l’objectif est clair : jouer et présenter du matériel neuf, récent, pas rodé. Ce que je cherche à ce stade là c’est autant de voir si le public adhère à ces idées, ces mécaniques et si je comprends moi même comment bien défendre ces nouveaux éléments.
Souvent on va utiliser la technique du sandwich c’est à dire encadrer ses tests par un opener qui marche et une conclusion efficace.
Intellectuellement j’épargne beaucoup de travail à mon cerveau, le plan est clair : Opener – Test- Conclusion.
Je ne dévie pas du plan ! Combien j’ai vu d’humoristes abandonner leurs tests car « ça ne marchait pas… » Mais c’est tout le principe de ces séances ! Ca serait tellement étrange que vos tests fonctionnent toujours du tonnerre…
Je ne vous demande pas de ne pas être souple quant à votre approche sur scène mais de vous en tenir un maximum au plan initial, celui qui semblait le plus logique au moment d’aborder la date.
2 – J’y vais pour montrer ce que je fais
Dans ce cas précis, vous n’avez pas une problématique de test ou de temps de jeu pour vous améliorer. Ce que vous voulez c’est que votre meilleur matériel obtienne le plus de rire auprès de l’audience. C’est le cas en festival, lors de plateaux que vous faites pour la première fois etc.
Vous débarquez donc avec ce que vous faites de mieux et vous le défendez à fond ! Pas besoin de « test » pas besoin de tout remettre en question. Vous savez ce qui constitue l’essence de votre comédie et c’est ça que vous présentez.
Faut-il avoir pris le temps de bien l’identifier. Si ce n’est pas le cas alors consacrez y une partie de votre réflexion, il faut que vous soyez clair sur quel est votre matériel Premium et en quoi il est meilleur que le reste de votre oeuvre.
3 – Pour gagner de l’argent
Cette fois ci, nous ne sommes plus dans une logique de temps de jeu ou d’exposition mais bien dans une démarche commerciale. On offre une prestation X en échange d’un retour financier Y. Il semblerait logique que vous dévoiliez votre meilleur jeu comme dans le cas de figure 2.
Toutefois, on peut aussi être appelé pour des contrats spécifiques « Jouer devant telle entreprise » « Présenter tel gala ». Dans ce cas vous risquez de vouloir adapter votre comédie à la situation, sans pouvoir réellement tester au préalable.
C’est une bonne idée ! Vous pouvez le faire et souvent on vous y encourage. Prenez l’exemple de Thomas Wiesel dont ses performances devant des comité d’entreprise jalonnent sa chaine Youtube. Dans ces cas précis il produit un matériel qu’il sait éphémère mais très adapté à la situation. Il est conscient que ces blagues ne vont pas s’incrémenter dans son spectacle mais ce n’est pas le but.
On produit quelque chose facile à consommer et qui marche sur l’instant.
Si pour gagner de l’argent vous décidez de jouer en chicha, je vous invite à relire cet article. Dans ce cas précis alors on attendra à la fois votre meilleur mais aussi une grande souplesse pour comprendre votre public et éventuellement adapter un peu votre approche.
Ce qui est important c’est d’avoir pris en amont toutes les décisions qui vous semblaient logiques. Tant pis si le jour J ça déraille, le principal c’est de s’être donné les moyens de bien faire.
Il est évident que l’on peut prendre un petit billet en se montrant et que l’on peut un peu tester même quand on est là pour faire du « sûr ». Mais ce ne sont que des bonus collatéraux, ça ne doit pas être au centre de votre démarche mais un plus qui tombe bien…
Définir comment vous abordez chaque scène vous libère à la fois d’une charge mentale avant de monter sur scène et surtout vous permet une fois sorti de scène d’être en accord avec un plan, peu importe le succès rencontré. Tant que cela correspond à l’objectif défini en premier lieu, vous devez être satisfait.