Alors que l’on va vous répéter en permanence que faire du stand-up c’est faire rire, je vous invite à faire un pas de côté et à considérer le rire comme un résultat mais pas comme une finalité.
L’exemple de l’arc
Dans le tir à l’arc, on pourrait croire que le but est de placer sa flèche au centre de la cible. C’est la même croyance qui nous pousse à conclure que le but de notre présence sur scène est de faire rire.
En tir à l’arc, des gestes lents et détendus sont les clés pour que la flèche parte fluidement et touche éventuellement la cible. L’arche doit il se concentrer sur la cible? Sur l’arc? Sur la flèche? Il doit avant tout se concentrer sur lui, son souffle, ses mouvements, sa capacité à se stabiliser. C’est tout un processus qu’il enclenche avant de tirer. C’est dans l’exercice de ce processus que va se décider si oui ou non à la fin la flèche atteindra sa cible.
Il est inutile pour l’archer de se dire “Je veux toucher le centre, je dois toucher le centre, je vais gagner, je vais marquer des points, c’est là que ma flèche va aller, je le mérite.” Toutes ces pensées seraient contreproductives iraient à l’encontre de mouvements lents et détendus.
C’est en se concentrant sur ce qu’il a à faire au moment présent qu’il décoche une flèche avec le plus de chances d’atterrir au bon endroit.
En stand-up, la cible est le public
Comme l’archer, le comédien peut-être tenté de se dire :”Je vais les faire rire, je vais les éclater, je dois les faire rire, je suis là pour ça.” Et d’un point de vue pratique, oui, générer du rire est important en stand-up…Mais ce ne sont pas ces pensées qui vont l’aider à y parvenir. En étant concentré sur le rire et en considérant les retours du public comme le but, on passe à côté de l’essentiel : soi-même.
Si l’archer a un processus spécifique à son art, le comédien a lui aussi une série de paramètres qu’il doit aligner pour délivrer ses blagues. C’est en se focalisant sur ce processus : rythme, attitude, jeu, diction etc…qu’il va dévoiler son art sous sa meilleure forme.
Et c’est parce que son art se présente de façon optimale qu’il obtient les rires. Le rire devient une conséquence du processus.
Se soustraire aux retours
En se focalisant sur le processus, vous éviterez de vous effondrer si les rires n’arrivent pas quand vous le souhaitez. Car c’est bien là le risque d’attendre des rires, s’ils ne viennent pas, on peut être déstabilisé, surtout si on les attend. Alors que si vous êtes là pour délivrer un message, pour le faire en pleine possession de vos moyens, qu’il y ait des rires ou pas, vous savez comment dévoiler votre meilleur jeu.
C’est avec cette mentalité qu’on arrive à séduire des publics réticents ou peu expressifs.
Concentrez vous sur le geste pas sur la cible. Montez sur scène en donnant à vos blagues la meilleure chance d’exister, en jouant à fond, en étant communicatif. Les rires seront une conséquence de vos actions.