Chaque comédien entretient son propre rapport à l’humour et à l’écriture. Certains écrivent tous les jours, d’autres jamais, qui a raison?
Combien faut-il écrire pour bien écrire?
J’ai travaillé avec quelques humoristes qui avaient une incroyable capacité : fournir des premiers jets de sketchs qui dépassent souvent l’ultime jet de certains. Ces humoristes ne sont pas les plus “productifs” que je connaisse mais ils ont tous un point commun : à un moment précis de leur vie ils ont énormément écrit. Pas forcément des sketchs, certains étaient dans la forme roman ou dans le scénario mais à chaque fois ils ont traversé des périodes de grande production.
Maintenant ils écrivent beaucoup moins pour la plupart mais mieux. Il me semble compliqué d’avoir une production qualitative sans avoir fourni à un moment donné une production quantitative.
Traditionnellement dans le stand-up on a tendance à valoriser l’écriture régulière et la productivité. Je confirme que dans vos débuts dans cet art et si votre but est de vous améliorer alors cela passe par écrire “beaucoup” et “régulièrement”.
Beaucoup
Définissons dès lors “beaucoup”. Je considère qu’à partir de 2 pages par session d’écriture, vous écrivez normalement. Pour écrire beaucoup c’est plutot 5 pages qu’il faut viser. Cette mesure est tout à fait arbitraire et ne se base que sur ce que j’ai observé. Notez toutefois qu’elle repose sur le fait que je n’ai jamais eu vraiment de mal à aller au bout de 2 pages d’écriture alors que je dois vraiment réfléchir pour en noircir 5.
J’apprécie particulièrement les moments où je dois creuser en moi pour produire plus. C’est souvent là que sont cachées les bonnes idées, les axes originaux, ceux qui ne se dévoilent pas se prime abord.
Régulièrement
Maintenant que nous avons une idée de “beaucoup”, intéressons nous à “régulièrement”. Régulièrement ça consiste principalement à définir un rythme et à s’y tenir. Lundi-mercredi-vendredi c’est un déjà un bon rythme, surtout si vous débutez. Ca laisse le temps de réfléchir entre deux sessions. Dans les auteurs que je fréquente et qui entretiennent un haut niveau, le rythme est plus soutenu, il n’y a pas de jour off. Gardez à l’esprit qu’ils n’écrivent pas que du stand-up : chronique, sketchs vidéos etc…
Mais tous les jours ils ont des plages d’écriture, souvent sanctuarisées comme par exemple le matin de 8h à 9h. Certains chroniqueurs, ne supportent pas d’aborder une nouvelle semaine sans avoir leurs chroniques prêtes. Donc ils étendent même leurs plages d’écriture pour être encore plus productifs le weekend et répondre aux diverses demandes de façon pragmatique.
Tout ça est bien pensé en amont et n’a pour autre but que de servir leur art.
Trouvez votre rythme
Chacun doit trouver la recette qui fonctionne pour lui, recette qu’il adaptera au fil du temps. A titre personnel j’ai beaucoup écrit d’articles de journaux pendant une période de ma vie, 10 par jour. Cette expérience m’a rendu plus habile sur plusieurs points : la recherche de l’angle, la capacité à rendre un document dans un temps imparti, le maniement de la langue et de la grammaire.
Aujourd’hui je ne m’infligerais plus une telle production mais j’en ai tiré un bénéfice technique. Pour le stand-up pendant l’année je dois consacrer 4-5 sessions par semaines d’écriture de 20-30 minutes + 1 sessions plus longue qui consiste principalement à réviser les petites sessions et les réunir. Ce n’est pas un rythme d’enfer mais c’est celui qui me réussit le plus !
Ecrivez souvent, écrivez beaucoup si vous pouvez. Cela ne peut-être que bénéfique. Vous finirez par trouver le volume et le rythme qui convient le mieux à vos objectifs. Si vous visez l’excellence, cela passera forcément par BEAUCOUP.
Merci pour ce partage, qui confirme le côté routine personnelle à mettre en place.
Je me suis lancé dans ce pari assez fou d’écrire un stand-up, mais j’ai parfois des moments où l’écriture est moins fluide.
C’est pareil pour tout le monde, il faut juste faire…des fois c’est mieux, des fois c’est moins bien