Si vous vous demandez comment pousser une blague à son plein potentiel, la réponse est simple : il ne faut pas la lacher !
La fin ou le début?
J’interviens souvent en tant que co-auteur ou en relecture de sketchs et j’ai pu constater que beaucoup de blagues s’arrêtent là où elles devraient commencer. Leurs auteurs ne vont pas assez loin, ils obtiennent un rire et passent à autre chose. Ce n’est pas du tout mon approche, je suis un fervent partisan du fait d’essorer une blague, c’est à dire d’en retirer tout le jus !
J’ai coutume de dire que la magie en humour commence là où les autres s’arrêtent.
Comment faire pour aller plus loin ?
La première chose à bien comprendre est qu’avant de pousser une blague plus loin, il faut déjà que la base soit maitrisée. Qu’elle marche déjà d’une certaine façon, mais qu’il reste un goût d’inachevé, un potentiel pas encore exploité. C’est particulièrement flagrant à la réécoute.
Partons du principe que Prémisse Angle Punchline est la structure de blague d’une base. C’est ce qui provoque le rire initial. Ce qui vient compléter cette structure c’est l’Act Out, ce moment de jeu qui illustre, affirme ou intensifie ce que vous avez énoncé.
C’est souvent là que les comédiens renoncent. Soit ils jouent quelque chose de léger, soit ils ne font pas d’act out, soit ils testent un truc un peu compliqué et n’y arrivent pas…
Pour pousser il faut s’obséder
Je ne le répèterai jamais assez, l’amplification du volume de rire réside dans l’act out. C’est en jouant que vous allez augmenter la cadence et la puissance des réactions. Jouer c’est prendre des risques, le premier est de ne pas être drôle ! Effectivement si vous vous lancez dans l’illustration d’une conversation entre deux personnages et que ça ne prend pas, vous risquez de vous sentir seul…Ca sera plus long que Prémisse Angle Punchline…Mais c’est le chemin. Si vous n’acceptez pas de passer par ces moments de gêne vous n’obtiendrez pas non plus les effets qui se cachent à l’autre bout du spectre : les gros rires.
Définir une période d’action
Quand j’aborde une nouvelle blague, je vois ça comme un petit chantier. Je sais ce que je veux faire et j’accepte que ça ne sera pas prêt avant quelques semaines/mois. Par contre je fais en sorte de progresser à chaque passage et de remettre en question ce qui me pose problême ou ce qui n’obtient pas les résultats escomptés.
Souvent la création d’une blague ou d’une phase prend l’allure d’un accordéon. Au début on a les mains serrées, c’est l’idée de base puis on étire pour trouver d’autres choses, ajouter du souffle puis on resserre et finalement on s’aperçoit que ça mérite encore un peu de souffle et ainsi de suite. Une bonne blague c’est généralement une blague qui a été bonne puis bizarre puis très bonne. Petite puis trop grande puis qui a pris sa taille idéale.
Typiquement je sais qu’il me faut entre 10 et 20 essais pour comprendre la dynamique d’une de mes blagues et entre 20 et 100 pour la maitriser.
A vous de juger quand une blague est aboutie, mais ça vaut le coup de vraiment vous dédier à la rendre unique, percutante, quitte à en faire trop puis à revenir à sa forme optimale…Obsédez vous un moment sur ce sujet, vous ne serez pas déçus.