Dans le monde du stand-up, on parle souvent de progression, d’amélioration, de sortir de sa zone de confort. Et c’est juste. Un humoriste doit évoluer, se remettre en question, essayer des choses. Mais à force de vouloir “tout travailler”, certains en oublient une vérité essentielle : ce qui vous fera sortir du lot, ce n’est pas de devenir moyen partout. C’est d’être excellent quelque part.
Autrement dit : misez sur vos forces.
Arrêtez de vouloir cocher toutes les cases
Vous n’êtes pas obligé d’être un maître de l’impro, un pro du one-liner, un technicien du storytelling et un performer survolté. Personne ne vous demande ça. Pourtant, beaucoup d’humoristes débutants s’épuisent à tenter de combler leurs lacunes, alors qu’ils pourraient amplifier ce qui fonctionne déjà très bien chez eux.
On a tous des inclinaisons naturelles. Une voix, une gestuelle, un ton, une forme d’humour qui nous est propre. Si vous êtes naturellement absurde, pourquoi vous forcer à être engagé ? Si vous avez une présence calme et lente qui capte l’attention, pourquoi vouloir imiter un stand-upper ultra rapide et nerveux ?
Vos points forts sont votre capital comique. Ne les sous-estimez pas.
Ce que vous savez faire instinctivement est souvent votre singularité
Le public ne cherche pas la performance académique. Il cherche une personnalité, un regard, un ton unique. Et c’est souvent dans vos facilités naturelles que se cache votre voix comique.
Les humoristes qui marquent ne sont pas ceux qui maîtrisent toutes les techniques du stand-up comme un cahier d’exercices. Ce sont ceux qui ont su mettre en avant ce qu’ils faisaient mieux que les autres, jusqu’à en faire une signature.
Et ça, ça commence par une chose très simple : assumer ses points forts, et les creuser.
Plus vous misez dessus, plus ils deviennent puissants
Miser sur ses forces ne veut pas dire se reposer dessus. Cela veut dire les muscler. Les rendre tellement solides qu’ils deviennent incontournables.
Si votre force, c’est l’écriture, alors devenez redoutable sur l’écriture. Travaillez vos angles, votre originalité, votre finesse. Si c’est le jeu de scène, poussez-le. Créez des silences, des gestes, des respirations qui captivent. Si c’est l’énergie, incarnez-la à fond. Rendez-la communicative.
Il vaut mieux être le ou la meilleure dans un style précis que d’être tiède dans tous.
Ne pas être bon partout n’est pas un problème
Vous n’êtes pas à l’aise avec la répartie ? Très bien. Évitez les interactions forcées.
Vous avez du mal avec les longues histoires ? Restez sur du format court, ciselé.
Vous ne savez pas encore structurer une demi-heure ? Travaillez des cinq minutes parfaites.
Accepter ses limites momentanées, ce n’est pas renoncer. C’est faire preuve d’intelligence stratégique. Vous ne serez jamais aussi efficace que lorsque vous êtes dans votre zone de force.
Affûtez vos lames, au lieu de polir vos cailloux
À vouloir gommer ses défauts, on finit par oublier d’aiguiser ses atouts.
Un bon humoriste ne fait pas tout. Il fait quelque chose de façon marquante.
Alors posez-vous cette question : qu’est-ce que vous faites déjà bien, même sans y penser ?
Et maintenant, demandez-vous : et si je poussais ce truc-là à fond ?
Vous verrez que le plus court chemin vers un style unique, ce n’est pas de devenir “bon partout”.
C’est de devenir inoubliable quelque part.