Je me souviens parfaitement ma première scène, c’était un 14 février. J’avais tellement envie de jouer que j’avais fait fi de la Saint Valentin. J’étais nerveux au point d’en devenir méchant. Je répétais dans mon salon et quand ma femme me corrigeait j’avais l’envie féroce de l’étrangler alors que c’était à ma demande si elle le faisait !
Combattre le doute
Avant d’aller jouer cette première scène, je sentais que quoi qu’il arrive je ne ferai plus marche arrière mais à force de répéter les mêmes mots il n’avait plus de sens pour moi et je ne savais plus si mon sketch était drôle. Du coup est arrivé un terrible ennemi : le doute.
Pour combattre ce doute, j’ai trouvé un palliatif redoutable : je suis passé voir mon frère qui était avec un pote et je leur ai joué ce premier sketch devant eux. Des conditions bizarres mais si j’arrivais à les faire un peu rire dans cette configuration alors tout irait bien par la suite. Malgré mon jeu hasardeux, malgré ma mémoire défaillante ils ont adhéré à mon délire et c’est fort de ça qu’une heure après je m’apprêtais pour la première fois à monter sur scène défendre l’étrange histoire d’un chat qui devient nazi après avoir été gardé par un dictateur. J’avoue que ce n’est pas l’angle le plus facile pour commencer la comédie.
Les voix intérieures
A ce moment là je me souviens très clairement m’entendre passer « pourquoi tu t’infliges ça ? ». Mais j’avais tellement répété que quelque chose de mécanique en moi me disait « tu vas monter, dire ce que tu as à dire dans tous les cas puis ressortir ». Et c’est ce que j’ai fait, c’était nouveau, dur, déconcertant mais en sortant je me suis dit « ok je peux le faire et je vais le faire régulièrement maintenant ».
Monter sur scène n’est pas l’épreuve la plus terrible d’une vie et cela ne doit jamais l’être. Si vous avez fait du sport de façon un peu compétitive, c’est très similaire et beaucoup moins stressant de jouer un sketch.
J’ai boxé et croyez moi sur parole, je préfère largement affronter un public qui veut entendre mes blagues plutôt qu’un mec qui s’est entrainé pendant des mois pour me casser la figure. Comme a coutume de le dire un ami “Au pire ça se passe bien”.