Peut-on se réinventer quand on a fait partie de la plus grosse tournée comique des USA? Ron White prouve qu’à 61 ans, il a encore des choses à dire…
Ron White
Il est dur d’imaginer à quel point Ron White est une grande star de l’humour outre-Atlantique. Aucun de ses spectacles n’était disponible en France jusqu’à lors, et ses quelques apparitions au cinéma sont loin d’être mémorables. Pourtant aux Etats-Unis le comédien est une institution, à tel point que dans son Texas natal il y a même un “Ron White Day”. Il faut dire qu’il a tourné avec une des plus grosses stars de la comédie US : Jeff Foxworthy. Au début des années 2000, leur tournée Blue Collar Comedy Tour a joué à guichets fermés dans 90 villes et engrangé plus de 15 millions de dollars…
Sur scène une des particularités de White est de fumer des cigares et de boire du scotch. C’est un peu déconcertant quand on habite un pays ou la loi Evin empêche totalement ce type d’exhibition mais c’est intéressant de voir à quel point quelques accommodations de ce type rendent l’ambiance très chaleureuse.
Vieux et alcoolique? Une illusion…
Avec sa bouteille de scotch sur la table et son cigare allumé, Ron White débarque en annonçant la couleur “J’ai 61 ans et je suis alcoolique…” Il dégage directement l’impression d’avoir tout vu et de ne plus se laisser impressionner par rien. Très vite on comprend son parcours de vie, il vient d’une petite ville du Texas et maintenant il est bien mieux loti, à l’abris dans sa maison de Beverly Hills avec deux bouledogues français…C’est ce changement de vie qu’il exploite en grande partie dans ce spectacle, sa vision de ce qu’il peut contempler autour de lui : les bars gays, les salons de massage avec des options originales, les demandes de travaux excentriques de sa femme.
White a une capacité déconcertante à manier storytelling, punchlines et high concept. Au début on peut avoir peur d’un point de vue caricatural mais très vite on comprend qu’il maitrise ses effets et qu’il n’hésite pas à se mettre en scène à l’extrême. Son choix des mots est exemplaire, à tel point qu’à deux reprises dans le spectacle il a du mal à prononcer la phrase prévue et insiste jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement dite, au lieu de paraphraser l’idée. Cela donne un bel aperçu du niveau de construction de ses gags.
Le passage où il explique son amour irrationnel pour Chris Hemsworth est fantastique d’autodérision.
Ron White est comme une vieille star du rock : inimitable, mortellement efficace et incroyablement sûr de lui. On peut facilement passer à côté de ce spectacle car le côté bourru du comédien est déconcertant, cependant si l’on passe ce premier niveau de lecture, le show est très dense en humour de qualité.
If You Quit Listening, I’ll Shut Up est disponible sur Netflix (MAJ Octobre 2018)