Même s’ils sont venus pour rire, les spectateurs ne sont pas forcément prêts à vous écouter immédiatement, il faut les “chauffer” avant…
Un travail indispensable
L’essentiel du travail dit de “chauffe” est assuré par le MC/présentateur de la soirée. En plateau d’humour c’est lui qui ouvre le show et qui va tout mettre en oeuvre pour faire grimper la température, mettre les spectateurs en condition. Cependant dans certaines configurations, il peut ne pas y avoir de MC (certains festivals/ sélections/casting) ou un travail d’ambiance qui n’est pas parfait (après le bide d’un humoriste par exemple…), dans ce cas précis, l’humoriste doit lui même chauffer la salle.
Que vous soyez le MC de la soirée ou juste un humoriste qui vient faire un sketch, vous devez vous assurer que le public est prêt à vous écouter, à vous accepter et à rire avec vous. Inutile de commencer à vouloir de l’attention sans un travail préalable de “crowdworking” qui signifie “travailler la foule”. Tant que le public n’est pas convaincu qu’il peut baisser sa garde et se laisser aller alors il est inutile de se lancer dans un sketch. C’est dur à accepter mais il faut franchir cette première étape avant d’envisager la suite.
La mécanique des applauses
Une composante possible mais pas indispensable du travail de “chauffe” est d’habituer le public à applaudir. Ca a l’air assez pavlovien comme méthode mais ça a du bon dans certains cas.
Ce sont souvent des approches du type : “Par applaudissements qui ne me connait pas? Ok ça fait de la peine…” ou “Je viens d’un petit village qui s’appelle XXXX, par applaudissements qui connait XXXXX???” ou “Qui vient dans ce Comedy Club pour la première fois?”
N’abusez pas de cette technique, elle est lassante et le public n’a pas forcément envie de recevoir sans cesse des sommations à applaudir.
Ecouter et rebondir
Au delà du fait de familiariser le public avec les applaudissements, ces questions ouvrent le dialogue. On ne les pose pas juste pour passer à autre chose, il faut accepter les retours et composer avec. Ce que l’on cherche c’est à établir une connexion avec des membres de l’audience, c’est pour ça que souvent ces moments se font avec la lumière de la salle allumée. C’est à partir de cette connexion que l’on peut composer ses premières blagues.
Exemple : “Je viens d’un petit village qui s’appelle XXXX, par applaudissements qui connait XXXXX???” Quelqu’un applaudit.
“Sérieux tu connais? Tu y es déjà allé?”
La personne répond.
A partir de là vous pouvez improviser sur les éléments qu’apportent le spectateur ou utiliser des vannes plus écrites que vous avez préparé sur le village XXXX etc. Mais ça y est, vous avez établie un lien et on vous écoute.
Les vannes tiroir
Depuis des années il existe une panoplie assez étendue de blagues qui semblent n’appartenir à personne et à tout le monde en même temps. Ce sont des vannes qui sont utilisées par de nombreux humoristes et qui qui correspondent à des situations données précises : couple timide, vêtements bizarres d’un spectateur, spectateur qui met les pieds sur la scène, manque de réaction de la salle etc…
Il n’y a pas de honte à utiliser ces vannes dites “tiroir”, ce sont autant de béquilles pour animer la soirée. Attention toutefois, elles sont pour la plupart très usitées et certaines ont été exploitées jusqu’à la corde, ce qui n’est pas agréable pour le public.
Encore une fois ce que l’on recherche avec ces vannes, c’est le fait de tisser un lien avec l’audience à travers des interactions drôles sur des choses observables et assimilables par tous !
Quand un humoriste “travaille la foule” il est lui même, il ne raconte pas une histoire donc l’identification et la lecture du public est plus forte que si il plonge directement dans une narration complexe
Pour trouver ces vannes tiroir, n’hésitez pas à échanger avec des MCs expérimentés, d’autres comédiens, à regarder des vidéos…Attention toutefois à ne pas plagier, s’il est acceptable de s’approprier une vanne faite par 100 personnes, il sera moins tolérable de reprendre une mécanique établie par quelqu’un comme Kheiron (le fait d’applaudir 2 fois pour confirmer quelque chose)…
Notez que le travail de “chauffe” ne doit pas être un cache-misère pour votre sketch. L’essentiel de vos blagues doit venir de vos écrits, ce travail préalable n’a d’autre but que de présenter au mieux vos vannes suivante.
Nous vous conseillons de ne pas négliger cette mise en condition qu’est la “chauffe”. Quand ce travail a été préalablement effectué par quelqu’un d’autre alors inutile d’en faire trop de votre côté et si la température n’est pas encore à votre goût alors déployez votre talent pour que les degrés montent ! Votre sketch n’en sera que meilleur.