Etre sur scène et ne plus trouver ses mots est une des peurs les plus communes des comédiens. Ca peut arriver mais ce n’est pas aussi grave qu’on le pense…
Le trou de mémoire
Quand on arrive plus à se souvenir ce que l’on doit dire, on dit “j’ai un trou“. En disant ça, souvent nos yeux cherchent quelque part à combler ce trou, en faisant appel à la mémoire visuelle, en essayant de retrouver ce qui était écrit sur la feuille. Bref, même quand on a un “trou” on cogite à fond !
Ce qui n’aide pas dans cette réflexion c’est si on commence à penser au regard des autres. Si vous pensez “ils doivent me trouver stupide“, alors vous ne laissez pas la place à votre esprit pour chercher ce qui vous manque. Vous ne devez pas laissez votre aspect critique supplanter votre aspect créatif. C’est bien le côté créatif que vous devez consulter pour retrouver votre texte et vos esprits, c’est le seul à avoir les réponses.
L’exemple de Jerry Seinfeld
Dans Comedien, le documentaire sur Jerry Seinfeld, l’acteur teste du nouveau matériel pour la première fois depuis longtemps. Sur scène il n’arrive plus à se souvenir de l’idée qu’il voulait défendre. Pourtant il prend le temps de s’en souvenir et dit carrément au spectateur ce qui est en train de se passer. Il se concentre au maximum sur ce qu’il voulait dire et tant pis si le public attend ou fait des remarques, Jerry sait qu’il est là pour défendre des idées et que toutes ne sont pas encore revenues à son esprit.
Associer le geste, la parole et les sentiments lors des répétitions
Un sketch ne s’apprend pas comme une poésie ou une leçon à l’école. Il ne suffit pas juste de retenir le texte pour que ça fonctionne, ce n’est qu’une composante de la performance scénique. Lors des répétitions et quand vous apprenez votre texte il faut se mettre dans les mêmes conditions que sur scène. Vous devez reproduire exactement chez vous ce que vous voulez faire sur scène. De cette façon vous allez coordonner votre corps et vos paroles, créant ainsi des ancrages puissants qui vous éviteront les “trous”. En effet si votre esprit peut oublier la 4ème blague qui consiste à imiter une vieille dame, votre corps lui s’il s’est placé d’une façon spéciale pour mimer la vieille dame va rappeler à votre cerveau “Hey c’est le moment de faire cette voix et de dire telle chose”.
Il faut aussi associer les émotions à votre texte. Si vous devez être en colère alors exprimez votre rage lors des répétitions, de la même façon qu’elle devra s’exprimer sur scène !
Si vous voulez créer une connexion d’empathie avec le public alors vous devez transmettre ces sentiments et répéter en incluant ces émotions.
Plus vous répéterez avec une mise en scène précise, moins vous serez sujet à l’oubli du texte.
Gardez du plaisir
Je n’ai jamais vu un public mal réagir à quelqu’un qui avait oublié son texte. Tant que le comédien reste sympathique, le public le sera aussi. A la limite certains spectateurs peuvent se sentir mal pour vous mais il n’y a pas de quoi…Si vous ne stigmatiser pas votre oubli, il y a de grandes chances qu’il ne le remarque même pas. C’est typiquement un moment propice à l’improvisation, cela permet de transformer une situation inconfortable en moment de complicité.
Faites preuve d’honnêteté
Comme quand vous avez peur d’être sur scène, la façon la plus facile de se sortir d’un trou de mémoire et d’avouer : “Je ne me souviens absolument pas de ce que je dois dire.” L’honnêteté vous sauvera presque toujours en stand-up. Ne dépensez pas d’énergie à cacher votre oubli, à avancer avec ce nuage noir au dessus de votre tête. Confessez votre “trou” et vous verrez que la plupart du temps tout va revenir dans l’ordre ! C’est sur à expliquer mais une fois le stress de retrouver ses mots enlevé, ils reviennent naturellement.
Les mots clés
J’utilise depuis longtemps des fiches sur scène avec des mots clés. Ces mots sont là pour me rappeler l’ordre dans lequel je veux faire les blagues ce soir. Plus je joue les sketchs moins j’ai besoin de mots sur mes fiches car l’enchainement des blagues devient routinier. N’hésitez pas à faire une fiche et à la relire avant de monter sur scène, ou même à la laisser sur un tabouret. Même si vous ne l’utilisez pas, ça vous enlève un certain stress de savoir que vous pouvez la consulter à n’importe quel moment. Attention, ce ne sont que des mots clés, pas toutes les vannes qu’il faut répertorier…
On a tous composé un jour avec “le trou de mémoire” et on en est tous revenus ! Il y a de nombreuses façons de gérer le phénomène si ça arrive et d’autres de s’en prémunir. Trouvez la méthode à laquelle vous êtes le plus réceptif.