Faire un “bide” est la crainte numéro 1 de la plupart des humoristes, ce n’est vraiment pas agréable et pourtant ça n’est pas évitable dans une carrière…
Retour à la réalité
On monte sur scène pour faire rire, pour dire des choses drôles et se connecter au public. Quand cette connexion ne prend pas, quand les rires sont absents, on se sent à la fois incompris et terriblement mal. On réalise soudain qu’on est face à une foule d’inconnus qui vous impose un silence glacial…
Il est dur de rester insensible face à l’absence de réaction, cela peut se manifester physiquement chez vous : problèmes d’élocution, joues rouges de honte, gorge sèche, débit qui s’accélère, le coeur qui s’emballe…Rien de nouveau ou de grave, tous les comédiens sont passés par là!
Une étape obligatoire
En tant que professeur de stand-up, j’insiste très tôt quand j’ai une nouvelle classe, sur le fait que le bide va arriver. Je ne cache rien de ce qui va se passer, au contraire je donne de nombreux détails, non par sadisme mais parce que je veux que les élèves puissent comprendre ce qui se passe le jour où le bide arrive.
Les plus gros progrès que j’ai pu observer chez des comédiens ont été réalisé après des bides et même des mois de flop ! Le sentiment est tellement désagréable qu’il pousse à l’analyse : “Qu’est ce que j’ai mal fait ?, comment je peux faire mieux?, que vais-je mettre en oeuvre pour que ça n’arrive plus?“
J’insiste en permanence sur le fait qu’il vaut mieux prendre les bides tôt et en nombre dans sa démarche. Le plus tôt est le mieux, car ça s’explique plus facilement, c’est souvent lié à un manque d’expérience ou de flexibilité. Après plusieurs années de stand-up, faire un vrai bide est plus douloureux mais aussi extrêmement plus rare.
N’ignorez pas le bide
Il y a certains comédiens qui ont la capacité de ne pas se soucier du bide et même de carrément l’ignorer…Que l’on essaye de ne pas se laisser affecter sur scène est une chose mais il ne faut pas non plus se voiler la face une fois sorti de scène. Il n’y a rien de moins constructif que de faire semblant que ce n’est pas arrivé. Vous pouvez trouver des raisons, même des raisons extérieures qui ont amené à cette situation mais vous ne devez pas pousser votre passage sous le tapis, comme si de rien n’était.
Inutile de s’éterniser plusieurs jours sur ce qui n’allait pas mais fixez vite dans votre esprit ce qu’il vous semble évident d’améliorer rapidement pour que ça n’arrive plus : chauffe, élocution, opener, conclusion, puissance des blagues…Servez vous du bide comme d’un outil qui révèle les points à consolider.
Personne ne peut nier que le bide est une expérience aussi douloureuse que nécessaire. Cela fait partie de la voie du comédien stand-up et il faut savoir composer avec et s’en servir pour améliorer ses sketchs.