Vous en avez marre d’être un gentil humoriste sur scène…Pourquoi ne pas vous lancer dans un roast bien acide ?!
Le roast c’est quoi?
Vous trouverez la définition la plus littérale du roast ici. C’est une discipline qui a été popularisé par le comédien Jeff Ross qui l’a décliné en plusieurs formats dont Historical Roasts.
Le principe de base est de voir deux comédiens s’affronter dans un concours de vannes offensantes envers l’autre! Vous avez bien compris, il faut vanner, chambrer, piquer son adversaire avec de bonnes blagues bien senties. C’est l’équivalent du Battle Rap mais en humour !
On rappelle les 3 uniques règles :
- Que du matériel original
- Pas de contact physique
- Chaque battle se termine par un calin
Pourquoi se lancer dans un roast?
Quand on fait du stand-up c’est un exercice un peu solitaire, on écrit des blagues de son côté, on les joue devant un public mais on échange peu avec les autres comédiens sur scène. Le roast est une façon étrange, un peu vache, de communiquer et de montrer que l’on se connait bien. Il y a une philosophie très importante dans le roast “on ne roast que ceux que l’on aime”. On n’est pas là pour cultiver une animosité mais bien pour renforcer une amitié en montrant tout l’étendu de son talent comique à l’autre et au public.
Si vous avez l’impression que votre plateau d’humour ou que vos camarades comédiens prennent leurs aises, alors proposer un petit roast, ça va réveiller tout le monde !
Comment et quand le faire?
Je déconseille de faire une soirée entière sur ce thème même si c’est tout à fait possible. Ce que je vous recommande si vous gérez un plateau ou une scène c’est d’ajouter une seule battle à votre plateau ou deux maximum. Le but est de donner aux comédiens de quoi s’exprimer autrement et de familiariser le public avec ce nouveau format.
Placez le roast en fin de spectacle, quand les comédiens ont déjà fait leurs sketchs. Les publics pourront les découvrir dans un exercice différent.
Ecrire un roast
Roaster quelqu’un ce n’est pas l’insulter de façon primaire. Pour triompher il faut faire rire et faire mal en même temps ! C’est un équilibre qui n’est pas du tout évident à trouver. Comme en stand-up, il faut que le public comprenne votre propos et soit en possession de toutes les informations et qu’il y adhère. Il y a une règle implicite dans le roast qui veut qu’on ne mente pas ou qu’on n’invente pas de fausses prémisses.
Exemple de fausses prémisses : On ne peut pas dire de quelqu’un en couple qu’il a divorcé 3 fois avant si ce n’est pas vrai, ça ne peut pas servir de base factuelle. Par contre vous pouvez parler de son couple actuel ou de ses exs si vous avez des infos.
Ce que vous voulez dans un premier temps dans un roast bien sûr c’est recueillir un maximum d’informations sur votre adversaire ! Pour ça pas besoin d’engager un détective, il est d’usage de pouvoir poser des questions à son adversaire par téléphone ou mail et qu’il réponde en toute franchise. Même si on s’affronte, c’est un show que l’on prépare en collaborant franchement.
Maintenant que vous avez des informations et des idées de blagues vous devez réfléchir à : que sait le public? quelles sont les informations nécessaires pour qu’il comprenne mes blagues?
Que sait le public?
Peut-être que si vous affrontez un ami, certaines informations seront évidentes : il aime la pizza, il est célibataire, il a fait des études de médecine etc. Le public lui ne sait rien de tout ça, vous devez donc recontextualiser et faire en sorte que l’audience adhère à ce que vous racontez !
Exemple de prémisse qui recontextualise : “Ca ne se voit pas vu son physique mais Michel est un ancien joueur de foot de haut niveau…“
Avec cette prémisse vous donnez tous les éléments au public : regardez ce physique. Je sais que vous vous dites qu’il n’est pas sain. Je vous donne une info que vous n’aviez pas : avant il était au top, c’était un super joueur de foot. Maintenant que vous avez toutes ces infos c’est parti pour la blague !
Si le roast a lieu en fin de soirée d’humour, vous pouvez aussi vous appuyer sur les éléments donnés dans le sketch par votre adversaire.
Exemple : Si ses blagues étaient autour du fait qu’il a grandi à la compagne alors inutile de réexpliquer l’enfance rurale ou de convaincre le public que c’est vrai. Appuyez vous sur cette information qui est maintenant connue de tous pour attaquer.
Bien choisir ses angles
Si vous voulez que vos blagues fassent mouche il faut vous attardez sur vos angles d’attaque et si possible garder une cohérence entre toutes vos blagues.
Exemple : Imaginons que vous ayez 3 blagues à faire, si vous en faites une sur la pauvreté de l’autre comédien, une autre sur la qualité de sa comédie et une dernière sur le fait qu’il conduit mal, vous allez manquer de cohérence globale.
Essayez de garder des sujets connexes, de taper sur le même clou, d’attaquer plus particulièrement un aspect.
Apprendre à bien servir ses blagues
Dans un roast on est dans un format “One Line”, c’est à dire que vos blagues respectent la structure la plus simple de la vanne : prémisse + angle + punchline. A la différence de vos sketchs où vous pouvez un peu enrober vos blagues, là il faut que ça frappe vite et juste. C’est une façon de “délivrer” les blagues particulière, qu’il faut travailler en amont. La meilleure blague du monde mal servie sera toujours moins efficace qu’une mauvaise blague bien envoyée. Diction, rythme, congruence, tout doit être là !
A l’assaut !
Vous avez des prémisses, des angles, des punchlines, vous avez bien répété alors il est temps de vous lancer dans cette joute amicale avec le sourire. Acceptez ce qu’on vous adresse comme attaque. Ne cherchez pas à nier, à contester ou à minimiser, prenez tout avec le sourire. Le comédien en face est aussi là pour vous faire marrer, il a pris le temps de vous étudier, d’écrire des blagues et de se présenter face à vous. Laissez le faire et répondez en temps voulu avec votre propre matériel.
A la fin on se fait un calin et tout le monde est gagnant ( sauf contre moi, je veux vraiment vous faire pleurer si on fait un roast…)
Le roast est un exercice que je vous recommande de faire au moins une fois durant votre saison de stand-up : c’est drôle, rafraichissant et ça vous sort de votre zone de confort.