Une même blague peut-être servie (délivrée) de plusieurs façons. Apprenez à trouver la plus juste en fonction de l’évènement.
Delivery
En observant plusieurs captations du même sketch d’un comédien, peut-être que vous entendrez la même blague mais dites différemment : plus forte, plus intime, plus lente, plus joué, plus démonstrative…
Cela sera particulièrement vérifiable si les captations ont lieu dans des endroits radicalement différents : un comedy club modeste, une grande salle, Montreux…
Pourquoi ne prononcent-ils pas la même blague de la même façon quelque soit l’endroit ou le moment? C’est une force qu’ont développé certains humoristes : savoir sortir la vanne de la bonne façon au bon endroit !
En anglais, l’art de dire une blague s’appelle le “Delivery”. Le delivery n’a pas à être fixe, il doit être optimisé en fonction des circonstances.
Quelques observations personnelles
J’aurais bien du mal à expliquer scientifiquement ce qui me pousse personnellement à changer mon delivery en fonction des endroits ou des moments où je dois jouer mes sketchs. Je vais cependant partager avec vous quelques éléments réguliers que j’ai pu observer et les règles que j’en ai tirées.
Quand l’ambiance est intime et que j’ai le temps de poser mon “personnage” alors je vais être sur un registre plus calme, plus doux. J’essaye d’englober le spectateur dans mon monde en sachant qu’il est disposé à être réceptif. Je me dis que le public a le temps de comprendre ce que je fais et d’entrer dans mon monde en douceur.
Quand la salle est grande ou que le temps sur scène est particulièrement limité, j’ai la sensation que je dois déployer plus vite plus d’énergie pour les “attraper”. Mon delivery devient plus “rentre dedans”, plus rapide et plus en force.
Quand la salle est plus grande et que les spectateurs les plus loin sont à 20 rangées de moi alors je vais être plus démonstratif sur scène, exagérer ma gestuelle pour leur donner à voir même de loin.
Il y a encore une infinités de paramètres qui rentrent en compte pour savoir comment maximiser le delivery.
Feeling
C’est souvent une question de feeling : la façon dont je suis accueilli sur scène, la manière dont les spectateurs réagissent aux premières blagues etc.
Si ça rigole très fort de suite alors je peux ressentir le besoin de continuer sur ce rythme élevé et de planter chaque blague comme un clou.
Quand ça ne rit pas aux éclats mais que je sens qu’il y a de l’écoute et du potentiel pour que ça aboutisse à quelque chose de fort alors je vais mieux “construire mes effets” en jouant sur un registre plus calculé, qui repose sur le moyen terme. J’y vais plus doucement en me disant que ça va payer quand ils auront compris mon délire.
Je n’ai malheureusement pas de règle clé en main à vous donner, le mieux est de tester différentes façons de faire vos blagues en fonction du lieu et du moment puis de vous efforcer à reproduire inlassablement les combinaisons qui vous ont le plus réussi.
Savoir interpréter les bonnes blagues, de la bonne façon, au bon endroit c’est un des axes de progression les plus important chez la plupart des humoristes.