On associe régulièrement le standup à un flot de paroles mais on oublie que le silence est aussi une composante nécessaire de cet art.
La théorie de Star Wars…
Dans les films de guerre, il y des séquences où tout le monde tire de partout, la cacophonie ambiante nous immerge dans la bataille et on ne distingue plus le bruit des fusils, des mitraillettes, des obus…Le volume est tellement dense qu’il devient source de confusion.
Dans les films Star Wars, quand on veut montrer que quelque chose explose, au lieu de fondre l’explosion au milieu de centaines d’autres sons parasites, il y a souvent un silence, celui de l’espace, et une détonation…Comme on part d’un niveau de son zéro, la déflagration prend une ampleur incroyable qu’elle n’aurait pas si des lasers et autres explosions venaient se mêler à la scène.
Le contraste
En humour le silence peut avoir le même effet : permettre une plus grande détonation ! Si toutes vos phrases sont à un volume élevés, si toutes vos blagues claquent dans la salle vous aurez du mal à offrir de la nuance. Votre fréquence sera en permanence haute et jamais vous ne laisserez apparaitre de contraste. Si au contraire vous savez alterner des phrases rapides avec des phases plus lentes, des éclats de voix avec des chuchotements et du silence alors vous maitriserez une palette entière pour apporter de la nuance.
Dans cette palette, comme dans la vie, le silence est d’or !
Ne rien dire, c’est déjà drôle !
Certains humoristes arrivent à faire rire sans rien dire ! C’est le cas par exemple de M. Fraize qui se permet de ne pas prononcer un mot pendant plusieurs minutes. Malgré ce il obtient des rires, de plus en plus nombreux car il maitrise parfaitement le silence. Etre silencieux ne veut pas dire être inactif, cela veut juste dire que vous ne prononcez pas de mots. On peut tout à fait communiquer sans parler : en bougeant, en faisant des signes, en regardant…
N’ayez pas peur d’ajouter du silence dans votre sketch, ce n’est pas l’ennemi du rire, bien manié c’est un précieux allié. En ne disant rien vous laissez au spectateur le temps de réfléchir, d’imaginer, de construire des images avec leur cerveau.
Exemple personnel d’utilisation du silence dans un sketch : Je raconte dans un sketch une longue histoire de Petit Ours Brun qui échappant à la vigilance de Maman Ours, écrit au feutre sur les murs. Juste après je prends le temps de poser une situation impliquant mon fils et moi en tout point similaire à celle de Petit Ours Brun. Au lieu de tout dévoiler, je fais des pauses à chaque étape car je sais que connaissant la première histoire, le public va lui même imaginer la seconde histoire pendant mes silences. C’est une façon de le laisser créer des attentes et de les déjouer. Pendant ses pauses de parole, je ne reste pas inactif, je “joue”, mon visage est expressif, j’interagi non verbalement avec le public !
Le silence qui semble si contradictoire avec le stand-up en est juste une composante comme une autre. Apprenez à le comprendre, à le maitriser et à l’utiliser pour amplifier vos effets.