Même s’il s’inscrit dans l’univers de Batman, Joker n’en reste pas moins la tragique histoire d’un humoriste raté…
Le résumé
Joker raconte la genèse du plus grand ennemi de Batman. Avant de devenir l’ennemi public numéro 1, il est juste Arthur Fleck, un aspirant comédien broyé par la vie et méprisé par la société.
Le film n’a aucun rapport avec les films de super-héros classiques, c’est un drame intimiste, un ovni dans la production cinématographique actuelle.
Plusieurs lectures
Il y a plusieurs lectures au film Joker de Todd Phillips :
- On peut voir ça comme une simple “origin story” qui relate la naissance du plus iconique des super vilains DC Comics
- On peut percevoir une critique profonde d’un système social, politique et économique qui laisse les plus démunis dans la misère.
- En tant que comédien on peut aussi voir notre plus grand cauchemar : celui d’aimer un art à la folie mais d’être incapable de le pratiquer correctement.
L’aspect standup
Arthur Fleck aime la comédie, que ce soit à travers le show télévisé de Murray Franklin ou par sa fréquentation assidue des comedy clubs. Arthur se fantasme en grand comédien, triomphant sur scène ou sur le plateau de Murray. Pour ça il étudie les moindres faits et gestes des comédiens sur scène, à l’écran…Malheureusement Arthur souffre d’un handicap qui prend plusieurs aspects : il ne contrôle pas son rire et s’esclaffe dans des moments inappropriés. Le second aspect de son handicap, qui peut faire penser à une forme d’autisme, c’est qu’il ne sait pas quand rire en fait, il ne comprend pas les codes de l’humour. Il comprend que quelque chose est marrant quand il voit les autres rire, mais de lui-même il n’arrive pas à décrypter la comédie.
C’est quand même la plus grande malédiction pour un aspirant comédien ! Ne pas comprendre les tenants et les aboutissants des blagues, ne pas connecter avec l’essence de l’humour.
On voit Arthur prendre des notes, essayer de déconstruire l’humour mais il a beau avoir une approche plutot scolaire, il passe à côté de l’essentiel. Ce qui est paradoxal c’est qu’il est clown, que son plus grand bonheur c’est apporter du bonheur aux autres…
Un rapport direct avec un autre grand film sur l’humour
En découvrant Joker en salle et l’apparition de Robert de Niro, impossible de ne pas penser au film devenu classique La Valse des Pantins (King of Comedy). Dans ce long métrage de 1983, réalisé par Martin Scorsese, Robert de Niro incarne Rupert Pupkin, un homme dont le seul rêve est de devenir un grand comique…Ca ne vous rappelle rien?
Obsédé par une émission de télévision il va harceler et enlever le présentateur.
La trame est très proche de celle du Joker et par certains aspects dont la capacité à fantasmer une vie rêvée de comédien, les films se rejoignent. Ce n’est pas du tout un hasard! Joker est presque un remake d’un mix entre Taxi Driver et La Valse des Pantins. Les héros de ces 3 films partagent cette solitude et cette lutte contre un monde qui ne les considère pas ou ne les comprend pas.
Joker est un drame marquant et une proposition inédite dans l’univers des super-héros. Le film est encore plus terrible pour quelqu’un qui fait du standup, car la souffrance de ne pas être compris et de ne pas connaitre le succès touche forcément les humoristes à un moment de leurs parcours